Mars 6, 7 et 8, 2003
Ecrit par la Mère d'Audrey, Anne-Marie Mestre
Jeudi
6 Mars 2003. Nous atterrissons à Cancun pour assister au baptême de la
petite dauphine “Audrey”. Nous descendons de l’avion, Pipin est déjà là,
il nous attend en compagnie d’une jeune fille qui travaille à Dolphin
Discovery, elle s’appelle Erandeni. Elle m’offre un magnifique bouquet de
fleurs en signe de bienvenue. Pipin nous raconte qu’un couple de jeunes est
venu lui demander de poser avec eux pour une photo souvenir, ils sont ensuite
revenus pour lui demander un autographe et quand ils ont vu qu’il avait signé
pour lui –162m et pour Audrey –170m, ils ont pleuré. Cela nous fait plaisir
de voir que Pipin continue d’associer Audrey à sa vie. Nous partons pour
l’appartement qui est mis à notre disposition durant ce séjour.
Nous sommes très
bien installés. La vue de la terrasse donne sur la mer et par un escalier nous
avons un accès direct à la plage. Nous savourons la tranquillité qui émane
de cette étendue d’eau et l’unique bruit, très agréable des vagues.
Le baptême est prévu
pour le lendemain, vendredi à 16h. Avant de nous coucher, nous passons un
moment à la terrasse pour dire bonsoir à notre fille.
Le jour de l’évènement,
le 7 Mars, nous nous rendons au delphinarium qui se trouve à Puerto Aventuras.
Là nous attend le propriétaire,
Eduardo qui nous présente sa femme et deux de ses trois filles. Il y a tout de
suite un courant de sympathie qui passe entre nous. Nous retrouvons des
connaissances, personnes que nous avons eu le plaisir de connaître à Cabo San
Lucas ou à Cozumel à l’occasion d’autres évènements tel que des records.
Nous sommes très émus de nous revoir. Ils me demandent tous après mon Père,
il semblerait qu’Audrey parlait beaucoup de lui.
Les entraîneurs des
dauphins nous parlent de la petite « Audrey ». Ils sont fascinés
par elle, ils nous disent que ce n’est pas un dauphin commun. « Audrey »
est précoce, d’une façon générale, les bébés tètent leur mère jusqu’à
6 ou 8 mois alors qu’elle a demandé à manger du poisson dès l’âge de 2
mois. Elle est très indépendante, très curieuse et recherche le contact avec
les humains. Son entraîneur la prend dans ses bras et la sort complètement de
l’eau, et elle est là, tranquille, elle ne bouge pas. J’ai l’impression d’entendre parler
de Ma Audrey.
La cérémonie va
commencer. On nous invite à passer sur une petite île où sont disposés des
bancs abrités d’un toit en paille. De chaque côté de l’entrée est disposé
un très beau poster d’Audrey fait spécialement pour cet occasion. Elle est là
et nous regarde, son visage est radieux. Erandeni, la jeune fille qui nous a
pris en charge depuis hier nous présente à la presse et nous remercie d’être
là avec eux, puis elle donne la parole à son patron, Eduardo.
Il parle très bien
d’Audrey et les paroles qu’il utilise pour son discours nous émeuvent. Il
nous raconte comment Audrey l’a séduit pas sa simplicité, comment elle leur
a enseigné à voir ce qu’ils faisaient sous un autre angle, comment lui est
venue l’idée d’amener de France des enfants maltraités pour leur donner
une thérapie en compagnie des dauphins et comment elle entrait en compétition
avec eux, retenant la respiration pour voir qui d’eux ou d’elle allaient
ressortir à la surface le premier. Nous avons les larmes aux yeux, nous nous
prenons par la main Jean-Pierre et moi pour nous donner de la force. Je ne veux
pas pleurer, elle n’aurait pas aimé.
Eduardo passe la parole à Pipin. C’est un moment très difficile pour lui. Il remercie pour l’invitation qui nous a été faite, on entend à peine ses paroles, il a un noeud dans la gorge et les larmes au bord des yeux, Son discours est très bref, mais très émouvant, j’ai tant de peine à le voir ainsi, si grand, si fort et si vulnérable.
Les organisateurs
nous invitent à nous rendre à la maternité. C’est un très grand bassin
d’eau de mer, « Audrey » est là avec sa maman et une autre
dauphine et son bébé qui est né 3 semaines après « Audrey ».
Nous nous approchons
du bassin le temps que Pipin passe son maillot de bain. « Audrey »
est là, elle vient voir se qui se passe, elle nous a entendu arriver. Sa maman
vient la chercher pour l’allaiter. Cela fait rire son entraîneur de voir
jusqu’où va la curiosité d’ »Audrey ». Nous commençons à
prendre quelques photos. Nous demandons quel est le nom de la maman d’ »Audrey »
et nous restons bouche bée quand on nous répond qu’elle s’appelle Vénus,
c’est le nom de la rue où nous vivons à Mexico. C’est encore une de ces coïncidences
qui renforce notre sentiment que nous sommes en présence de Notre Audrey.
Pipin se met à
l’eau et la magie opère immédiatement. « Audrey » s’approche
et se laisse caresser. L’autre bébé ne
s’éloigne pas de sa mère, mais « Audrey » oui, pendant qu’un
entraîneur occupe sa maman, « Audrey » suit Pipin. Nous avons
l’impression qu’elle joue avec lui à cache cache parce qu’elle reste
derrière lui. Chaque fois que Pipin se retourne, vite elle se remet derrière
lui, elle le laisse la chercher du regard, mais quand on remet à Pipin la
bourse rempli de poissons pour qu’il lui donne à manger, alors là tout
change et elle vient lui en demander et elle ne le laisse plus une minute
tranquille. Il la caresse. Nous avons tous une pensée pour tous ceux qui ne
sont pas ici avec nous, mais qui pensent beaucoup à nous en ce moment.
Eduardo vient nous
voir et nous demande si nous voulons nous aussi nous mettre à l’eau avec les
dauphins. Jean-Pierre dit que non (et pourtant ce n’est pas l’envie qui lui
manque) mais il veut faire plus de photos. Moi je dis oui, il ne faut pas me
poser la question une deuxième fois, je range mon appareil photo et je passe
dans la cabine mettre mon maillot de bain. J’entre dans l’eau et je nage
jusqu’à Pipin. Vénus vient me voir, Pipin me dit que je peux la caresser et
c’est ce que je fais. Je me rappelle tout ce que m’a raconté Audrey après
sa première rencontre avec les dauphins, ils ont une peau douce, mais ferme et
très fragile, je fais donc attention à ne pas les blesser avec mon bracelet et
mes bagues. J’ai l’impression
d’entendre Audrey me dire « tout doucement » et je suis ses
conseils.
Pipin m’appelle
pour que je me rapproche d’ «Audrey ». Je peux la toucher, la
caresser et je le fais en pensant à tous ceux qui ont aimé notre fille et
qui continuent de l’aimer même si elle n’est plus là. Vénus vient me
chercher, j’ai le sentiment qu’elle veut m’éloigner d’eux, pour que je
laisse « Audrey » et Pipin ensemble, comme je le faisais quand
j’allais les voir quelques jours à Miami, chez eux.
Le temps passe, cela
fait une demie heure que nous sommes dans l’eau avec elles. Les entraîneurs nous appellent, il
est temps de sortir, mais avant nous allons leur dire au revoir. Nous nous
mettons en file sur un support en métal grillagé qui se trouve là exprès.
Les entraîneurs nous montrent comment mettre les mains en forme de coupe pour
que le dauphin puisse venir appuyer sa tête et nous faire un bisou sur la joue.
C’est ce que nous faisons. C’est tellement doux tous ces bisous...........Pipin
est avec Vénus et moi avec l’autre maman. Nous nous disons au revoir, nous en
leur faisant un signe de la main et elles avec leur aileron. Elles sautent de
joie et partent en arrière sur leur queue. C’est un spectacle inoubliable
pour nous.
Les journalistes nous
posent quelques questions sur ce que nous ressentons. Je ne peux pas éviter de
leur raconter que sous forme de plaisanterie, je disais souvent à Audrey
qu’un jour elle nous donnerait des petits enfants dauphins............Les
entraîneurs sont sûrs que c’est elle qui est là avec nous. Ils nous
demandent comment était Audrey petite, quel était son comportement et
Jean-Pierre et moi nous leur répondons que tout comme la petite dauphine, elle
était très indépendante, très volontaire, elle aimait le contact avec les
gens. Ils ne sont pas surpris, c’est ce qu’ils pressentaient.
Il est 19h 30, nous
disons au revoir à tout le monde. Il est temps de rentrer à l’appartement. Erandeni nous
accompagne avec un chauffeur jusqu’à Cancun.
Cette nuit là j’ai
rêvé de Ma Audrey. Tout comme avec la petite dauphine, j’ai mis mes mains en
forme de coupe et elle est venue m’embrasser. J’ai senti la chaleur de son
corps, la douceur de sa peau, elle avait un sourire incroyable, elle était
tranquille, heureuse.
Le jour suivant, 8
Mars, c’était le retour à la maison. A 13h nous sommes descendus dans le
hall. La camionnette de Dolphin Discovery était là, on nous attendait. Nous
avons chargé les valises et nous avons pris le chemin de l’aéroport. Notre
avion a décollé à l’heure.
A 16h 30 nous
arrivions. Le voyage du retour c’est très bien passé. Je crois que dans les
jours qui viennent nous allons parler beaucoup de la petite « Audrey ».
Maintenant il faut tourner une nouvelle page.